Des rives de la Méditerranée à l'Orient, de la Turquie aux sources du Gange, en suivant d'anciennes routes commerciales, parcourues par les caravanes depuis plusieurs millénaires, c'est, autant que possible, à pied que Matthieu et Françoise dérouleront un long chemin. En 2016, le premier mouvement de cette aventure les a conduits d'Istanbul à Téhéran en traversant l'Anatolie, les rivages de la Mer Noire, la Géorgie et l'Arménie. Fin août 2017, repartant de Téhéran, ils gagnent la Mer Caspienne ; puis après un transit rapide du Turkménistan, ils rejoignent l'Ouzbekistan, Boukhara, Samarkand, traversent la Ferghana puis atteignent fin novembre 2017 Bishkek, la capitale kirghize. Début septembre 2018, ils quitteront Och au Kirghizstan pour Irkeshtam d'où ils pénétreront en Chine ; puis après la traversée de la Kunjerab Pass, ils enteront au Pakistan, puis atteindront l'Inde et continueront vers Haridwar, but de leur périple.

jeudi 12 octobre 2017

Chemin faisant

La route, c'est le bruit des voitures, la chaleur, le froid, les longues lignes droites monotones, parfois la lutte face aux tempêtes de sable ...


Mais c'est aussi les encouragements prodigués aux marcheurs, l'étonnement que nous suscitons, la curiosité des uns, les demandes de selfies, ... Oui, nous nous retrouvons sans le vouloir au centre d'une attraction inattendue.




Et aussi les petits cadeaux, les invitations, comme par exemple celle de deux futures mariés qui se lancent en famille dans la création d'une sorte de salon de thé. Là nous avons pu déguster de délicieux entremets aux fruits. Le tout avec la bienveillance de la mère du futur époux qui pourrait ressembler à une actrice d'Hollywood des années 1970 dont nous avons perdu le nom, peut-être que vous pourrez nous faire part de vos suggestions...
Nous souhaitons chance à ces futurs mariés ainsi qu'à leur nouvelle activité et nous continuons notre route...




Plus loin, nous avons goûté à la vie nomade avec les Iraniens aux haltes qui peuvent faire figure de caravanserail des temps modernes. Au bord de la mer Caspienne, nous avons fait l'expérience d'un campement oú l'on nous proposera un tapis et un toit. Nous y partagerons un bon thé chaud agrémenté de douceurs offertes par le voisinage et nous délasserons dans un bon fauteuil les pieds dans l'eau.



Nous sommes toujours étonnés par l'esprit de famille que montrent les iraniens en voyage. La famille se déplace souvent en clan qui peut réunir plusieurs véhicules. Plusieurs générations se pressent dans les voitures. On se retrouve aux étapes. Tapis et nattes, couvertures, glacière, samovar, brochettes ... remplissent les coffres et les galeries. Et tout ce monde s'organise de manière parfois très sophistiquée autour d'un bon repas oú nous sommes le plus souvent conviés lors de nos passages.


 Ici on choit le voyageur, on partage ce qu'on a avec lui, on lui sourit, on l'accueille.. C'est frais et celà donne du beaume au coeur surtout dans les moments de découragement et de fatigue.



 Mais parfois, surtout en fin d'étape alors qu'on aspire à trouver un gîte et se reposer, une invitation insistante peut se révéler un peu excessive. Cela a été le cas avec Ali, brave homme, qui nous a proposé de prendre le thé chez lui. Nous avons pu prendre contact avec sa famille et là nous sommes tombés dans un gynécée de femmes avec une ribambelle de bébés à différents niveaux de maturation, juste nés, commençant à marcher, en gestation. La télévision était bien sûr bouclée sur des dessins animés pour les grands de 5 ans. Un repas nous a été servi. Au moment de partir, une promenade en forêt à été improvisée, suivie d'une visite dans une autre maisonnée familiale ... Pris dans la nasse ! Nous avons eu beaucoup de mal à nous échapper et, à notre grande honte, nous n'avons pu le faire qu'en mentionnant des problèmes de visas qui demandaient que nous nous rendions rapidement à la police. Ne pas donner suite en veillant à ne pas trop blesser n'est pas toujours si simple...





Parfois il y a des moments de grâce comme de bonnes surprises inattendues où tout peut nous être offert y compris des repas , des hébergements d'hôtel et même les deux à la fois. Avec en plus du chocolat et les sourires de Séréna jeune ado à l'Anglais parfait qui ne rêve que de la France et de devenir chanteuse de rap.



Tout le long de la route, aux endroits stratégiques, des petits commerces s'installent Chacun a sa manière de procéder, par exemple le vendeur de poisson alignera sa marchandise sur sa ligne affublé d'un chapeau en paille pointu. Le marchand de chaussures sillonnera la campagne avec son camion, les tentes multicolores seront exposées pour satisfaire les besoins et/ou les envies de renouer avec un nomadisme ambiant.



Des vêtements sont exposés le long des arbres. On constate qu'en approchant de la frontière du Turkménistan, les hijabs prennent de la couleur et de la fantaisie.


Enfin les marcheurs sont en prise constante avec la beauté inattendue des paysages et de la lumière.


Matthieu et Françoise

lundi 9 octobre 2017

Le muralisme en Iran

On se souvient de la gigantesque fresque post-révolutionnaire "Down with the USA" que l'artiste iranien Mehdi Qadyanloo avait réalisée sur un immeuble de Téhéran. Sur l'immense drapeau américain, des têtes de mort remplaçaient les étoiles et des bombes tombaient des bandes rouge.


Si cette œuvre a fait connaître son auteur dans le monde entier, celui-ci aspirait dorénavant à utiliser ses talents de muraliste pour prôner la paix. Depuis quelques années, la municipalité de Téhéran travaille à un projet d'embellissement de la ville et Mehdi Qadyanloo est à nouveau sollicité. La capitale iranienne est une ville polluée et grise. Ici, les hivers sont très froids et la chaleur en été peut devenir infernale. Les immeubles ont donc peu de fenêtres et le plus souvent, 3 de leurs façades sont borgnes. Ce sont des surfaces idéales pour apporter de la couleur dans cet environnement impersonnel. Les nouvelles fresques de Mehdi Qadyanloo rappellent des tableaux de Magritte.


D'autres artistes ont suivi ce mouvement et, c'est ainsi, que dans l'aridité du plateau iranien, les habitants des villes champignons qui poussent le long de la route Tabriz-Téhéran peuvent se rafraîchir virtuellement à la vue d'une généreuse cascade.


Si les murs peints ont tendance à faire une part moins prégnante à la guerre et aux shahids (martyrs) ceux-ci n'ont pas disparus complètement. Les soldats morts en Syrie remplacent ceux qui sont tombés lors de la guerre contre l'Iraq.



Ville sainte oblige. À Mashad, un gigantesque Coran a été superbement peint sur le mur d'une maison proche du mausolée de l'Imam Reza.



D'autres murs apportent de l'espoir. Presque toutes les écoles ont des fresques sur leurs murs. Celles-ci sont souvent naïves et leurs couleurs fraîches ravissent le passant.




Ailleurs, c'est le métier du propriétaire de la maison qui est représenté.



Youssefabad est un petit village du Korassan. Tout le long de la route, les murs d'enceinte des fermes font assaut d'originalité pour nous offrir une vision de la vie à l'intérieur des cours. On peut remarquer que, pour ces descendants des tribus de la steppe, le tapis tient une grande place.





Quant à cette dernière fresque, son message restera à jamais mystérieux pour nous ...



Françoise et Matthieu